EXPOSITION EXCEPTIONNELLE : TRÉSOR VODOUN

TRÉSOR VODOUN, Au coeur des arts sacrés d'Afrique

Découvrez les plus belles pièces de la collection Arbogast au travers d’une sélection unique – Du 17 février 2024 au 30 mars 2025 (prolongation)

Introduction

« Là où les yeux ne peuvent aller, là où les oreilles ne peuvent entendre, le cœur, lui, s’y rend. » – Proverbe béninois.

C’est avec le cœur que Marc et Marie-Luce Arbogast ont fondé une œuvre exceptionnelle : le Château Vodou de Strasbourg.

Durant des années, et avec beaucoup d’énergie, ils ont rassemblé, protégé puis valorisé, au sein d’un musée, en Alsace, la plus grande collection vodou ouest-africaine au monde.
C’est aussi avec nos cœurs que nous avons réalisé une sélection des pièces les plus fascinantes de la collection.

Défi ardu (et subjectif) que l’équipe s’est lancé pour l’exposition des 10 ans du Château Vodou. Le sacré, l’art et la science s’interpellent et se juxtaposent en continu dans le vodoun/vodou.

Comment effectuer un choix parmi 1400 objets ?

Fallait-il établir un échantillon représentatif des artefacts les plus importants dans le culte ? Choisir sur des critères esthétiques/artistiques ? Nous laisser convaincre par les émotions qu’ils provoquent en nous ? Opter pour ce qui nous évoque le plus le mot « trésor » ?

S’en sont suivis des débats enflammés et jamais clos autour des questions qui s’imbriquent autour de la collection : souhaitions-nous une exposition avec un éclairage « anthropologique » ? Quelles limites devions-nous fixer face aux tabous du sacré ? Et notre tentation de toujours tout rationaliser est-elle inéluctable dans nos métiers ? Comment définir « l’art africain » sans entrer dans une construction occidentale ? Exposer est-ce fatalement installer l’objet dans un statut d’œuvre d’art ?

Les pièces vodou ont une esthétique saisissante, surprenante. Leur plasticité complexe rend l’analyse périlleuse, même pour les plus grands spécialistes. La tentation existe, lorsqu’on les scrute et que leurs formes entrent en résonance avec notre intime, de les qualifier d’œuvres d’art. Et pourtant… ce concept n’est pas celui qui a guidé leur création. L’appréciation des créations culturelles de l’Afrique est un intérêt récent, lié à certains artistes et collectionneurs du début du XXe siècle. Conçues dans un but utilitaire, incorporés au religieux, leur vocation artistique ne peut être décontextualisée.

La plupart des objets présentés appartiennent au domaine intangible, inviolable du sacré. Ils ont pour vocation de maîtriser le chaos, d’empêcher le pire, la maladie, la mort, le malheur.

Leur force vitale, leur puissance, est le résultat de longs processus, de nombreux ingrédients, de diverses invocations. À cette fin, les hounon traversent des frontières pour communiquer avec l’invisible. Ils transgressent les règles de la société pour maintenir ce fragile équilibre entre l’ordre et le désordre. Ainsi, tout comme le religieux suscite éblouissement ou effroi, incompréhensions et peurs, les objets vodou reflètent, dans leur apparence, dans leurs mimiques, ces émotions.

Sans s’arrêter sur une définition du sacré, cette réalité tout autant subjective qu’objective, nous souhaitons souligner son importance dans la confection des objets vodou et leur aspect esthétique.

Ces objets inertes cachent une force vibratoire, un flux de communication entre l’humanité, les divinités et la nature. La puissance magique, malgré la beauté de l’objet suivant le point de vue du regardeur, ne peut être occultée.
Faire appel à l’anthropologie permet également d’apporter un éclairage pertinent sur la raison d’être de ces pièces à travers l’étude de leur contexte géographique, sociologique et humain. Elle met en mots les croyances et leurs fondements, leurs évolutions, perce les secrets de la composition des objets, leurs symboles.

Ce cheminement entre culture et mémoire, besoins du quotidien et plasticité, flore et matériaux hétéroclites, fonctionnalité et secrets, vous mènera, nous l’espérons, à faire le plein d’émotions et d’expériences sensibles au cœur du trésor vodoun des arts sacrés d’Afrique

Adeline Beck, administratrice

L’équipe de l’exposition 

Commissaires : Ana Carolina Gonzalez Palacios, Adeline Beck et Marc Arbogast.
Présidence : Dominique Baudendistel.
Recherches scientifiques et rédaction : Jean-Yves Anézo, Katia-Myriam Borth-Arnold.
Scénographie et Graphisme : Ana Carolina Gonzalez Palacios.
Traductions : Katia-Myriam Borth-Arnold, Michaël Mailfert.

Photographies des objets de la collection : Pascal Beck
Photographies présentées dans l’exposition Marc Arbogast, Adeline Beck.

Équipe technique : Sébastien Furderer, Clément Levieux, Noé Meyer, Quentin, Pascal et Evelyne Beck, Alice Wach.

L’édito du collectionneur

Si tout au début de nos périples africains, Marie-Luce, mon épouse, et moi-même, étions des collectionneurs frénétiques, nous sommes rapidement devenus des passionnés et spécialistes des objets vodou et avons fini par délaisser tout le reste.
Habituellement, lors d’une acquisition d’œuvre d’art en galerie vous êtes attirés par une pièce que vous trouvez subjectivement « belle ». Or, la démarche devient toute différente quand il s’agit d’intégrer une pièce vodou dans une collection.
En effet, si la première approche peut être esthétique, très vite la fonction, la charge sacrée de l’objet, prend une place dominante. Tous les objets de la collection sont ainsi, sans aucune exception, des objets de culte.

Pourquoi avons-nous choisi le mot “trésor” pour cette nouvelle exposition ?
Il n’est certainement pas question, ici, d’estimation financière pour des objets qui auraient une grande valeur pécuniaire.
Nos trésors, les objets que nous avons choisi d’exposer, sont à nos yeux, les pièces les plus élaborées, les mieux sculptées ou travaillées par leur créateur mais aussi celles qui ont une grande charge sacrificielle et magique.
Autrefois, les concepteurs d’objets vodou accordaient plus de temps à la finition d’une pièce et à ses détails (visages, coiffures, tissus). De nos jours, les représentations sont plus généralement axées sur du symbolisme pur et les botchio peuvent par exemple être remplacés par de simples piquets très peu sculptés. C’est donc essentiellement dans les objets anciens que nous avons sélectionnés nos « trésors ». La force sacrée y côtoie la magie esthétique.

Nous espérions donc, et en particulier Marie Luce, à travers l’exposition de ces objets, faire une lumière particulière sur la culture vodou. Bien loin de n’être qu’une religion, elle définit tout le fonctionnement d’une société.
Les travaux de l’équipe du musée contribuent à cet objectif au travers des expositions, des conférences, des podcasts, des publications et livres, et ceci sans oublier la mission de conservation.
Un musée international du Vodou devrait bientôt ouvrir à Porto Novo… puisse donc cette nouvelle institution vous inciter à visiter les pays vodou, en particulier le Bénin et le Togo.

Marc Arbogast

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