Exposition temporaire du 16 octobre 2025 au 22 juin 2026
Dans un musée, de l’objet exposé à l’objet préservé, il n’y a qu’une vitrine.
Après une vaste réorganisation de ses réserves, le Château vodou lève le voile sur ses coulisses.
Les réserves muséales, souvent inaccessibles et perçues comme des lieux de stockage, sont en réalité le cœur battant des musées. Elles permettent de conserver, étudier, transmettre.
Elles accueillent en moyenne plus de 80% des objets d’une collection jugés « trop fragiles », « hors thématiques » ou encore « en attente de plus d’informations ».
Avec cette nouvelle exposition, l’équipe du musée souhaite aborder les principes de la conservation patrimoniale, les contraintes techniques des réserves, le rôle crucial de l’inventaire, et les enjeux éthiques et controverses qui traversent aujourd’hui nos pratiques.
Quel est le rôle d’un musée ? D’où vient la collection du musée Vodou ? Comment préserver des objets composés de matières organiques, parfois périssables, parfois sacrés et comment en parler ? Quelle est la part d’invisible que l’on transporte avec soi, même au musée ? Que peut-on conserver, et jusqu’à quand ? Peut-on montrer tous les objets ? Et à qui appartiennent-ils, au fond ? Comment concilier normes muséales strictes et impératifs écologiques ?
À travers l’histoire de la collection Arbogast, nous replongeons dans la géographie et l’histoire du Vodoun. Chaque objet raconte une trajectoire complexe entre pratiques vivantes, regards occidentaux, africains, et choix muséographiques.
Au fil du parcours, le visiteur sera invité à questionner la mission même du musée. Car protéger, interpréter, exposer, ce n’est pas neutre. C’est un engagement, parfois un dilemme. En tant que musée associatif autofinancé, le Château Vodou assume sa singularité : préserver un trésor de la mémoire collective, un patrimoine fragile, issu de cultures vivantes, dans un bâtiment classé, avec des moyens limités.
Il tend à se rapprocher de la définition proposée par le Conseil international des musées (ICOM) : « Un musée est une institution permanente, à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité »
« Sortie des invisibles » est à la fois une exposition, une enquête et une invitation à réfléchir ensemble à la place que nous donnons au patrimoine culturel – aujourd’hui, et pour demain.
A. Beck
Accès exceptionnel aux réserves
(En complément de l’exposition temporaire)
Du 20 au 31 octobre de 14h à 18h (hors week-end), puis chaque mercredi de novembre, l’accès aux réserves vous est exceptionnellement proposé (dans la limite des places disponibles).
Flânez dans l’exposition temporaire éponyme “Sortie des invisibles : la collection sans réserve” puis jetez un oeil à l’envers du décor : les objets conservés à l’abri, ceux qui ne sont pas encore restaurés, inventoriés ou exposés.
Cette visite en autonomie vous permettra de découvrir par vous même les réserves, habituellement cachées du regard.
La possibilité de visiter cet espace se fera sans sac ni téléphone pour le visiteur. De plus les équipes du musée se réservent la possibilité de limiter la jauge de personnes pour une meilleure préservation de la collection. L’accès à cet espace est compris dans le tarif d’entrée.
Visite VIP privée de groupe
Pour une découverte plus approfondie, et en avant première, réservez votre visite guidée privée incluant l’exposition et les réserves (de 1 à 12 personnes), au moment de votre choix, avec vos amis, vos collègues, votre famille
Un instant raffiné autour d’une coupe de crémant, d’un verre de bière, ou d’un jus de baobab (dès le 17 octobre).
Tarif : 480 € par groupe.
Réservation : contact@chateau-vodou.com – 03 88 36 15 03
Visite guidée des réserves
À l’occasion de l’exposition Sortie des invisibles, le musée propose une visite inédite alliant découverte de l’exposition temporaire et accès exceptionnel aux réserves.
Accompagné d’un médiateur, vous explorerez l’envers du décor : les objets conservés à l’abri, ceux qui ne sont pas encore restaurés, inventoriés ou exposés. L’occasion d’aborder, en petit groupe, les enjeux concrets de la conservation, les parcours des objets, et les choix que pose toute collection.
Cette exposition a pu voir le jour grâce à un réaménagement de nos réserves et un récolement de la collection réalisé entre juin et août 2024, apprenez-en plus sur ce chantier titanesque :
L'exposition en détails....
L’équipe de l’exposition
Rédaction collective : Elise Matt-Gehringer, Catherine Elsensohn, Jean-Yves Anézo, Adeline Beck, Kéfil Houssou, Ana Carolina González Palacios, Alice Niemi, Michaël Mailfert, Maria Hirica.
Collectionneurs et fondateurs : Marie-Luce et Marc Arbogast
Commissaire : Adeline Beck
Scénographe, graphisme, communication : Ana Carolina González Palacios
Récolement de la collection et réaménagement des réserves : Katia-Myriam Borth-Arnold, Catherine Elsensohn, Adeline Beck, Ana Carolina González Palacios, Alice Niemi, Maria Hirica, Pascal Beck, Taner Tasar, Loïc Anézo, Evelyne Beck, Iyad Chambet, Jade Schreckenberg, Natalia Lorena Cocis.
Traductions : Anna Sgryska, Elise Matt-Gehringer
Podcast : Kawati Studios
Relectures : L. Anézo, R. Goudou, V. Brumm, R. Schaich, G. Dolatabadi, E. Beck, N. Lorena Cocis, N. Meyer
Soutiens du projet : Compagnons du devoir, Fondation du patrimoine du Crédit Agricole, Fondation Crédit Agricole Alsace-Vosges, Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg, EFH destination Strasbourg, Crédit Mutuel Saint Jean, Maison Klein, Eurométropole de Strasbourg J. Gérard, D. Gehringer, F. Undreiner, G. Jean-Charles, S. Freyzs, P. Dufour, Mmes Schwing
Introduction du collectionneur
Je suis très heureux du choix de l’équipe du Château Musée Vodou d’avoir, avec cette exposition, voulu éclaircir le sens et la fonction d’un musée. Son objectif est de mettre en évidence le travail de conservation en ouvrant, fait rarissime, nos réserves au public.
Depuis toujours, la collection d’objets culturels constitue un pont entre les peuples, permettant une compréhension mutuelle et un dialogue interculturel. Pourtant, il est indéniable que certains objets, jadis destinés à être vénérés ou utilisés dans des rites, deviennent aujourd’hui des pièces de collection, parfois sources de spéculation, et leur accès au public se trouve limité ou marchandisé. Cette tension soulève des questions fondamentales sur la valeur, la restitution et la préservation des patrimoines culturels.
Notre démarche, à Marie-Luce et moi-même, s’inscrit dans cette réflexion. Nous avons constitué une collection unique d’objets vodou, non par esprit de profit, mais par une volonté sincère de comprendre, d’aimer et de transmettre la richesse de cette culture. Ces objets, souvent destinés à disparaître dans l’oubli ou la destruction, ont été pour nous une école d’apprentissage, une expression artistique, ainsi qu’un vecteur d’histoire sociale, religieuse et écologique.
Ce travail de collecte a été réalisé avec respect et intégrité : chaque acquisition était volontaire, au prix demandé, sans contrainte ni spéculation, et aucune de nos pièces n’a jamais été revendue. Lorsque des erreurs ou des copies ont été identifiées, elles n’ont pas été intégrées dans la collection, témoignant de notre engagement à préserver l’authenticité. Notre objectif n’a jamais été lucratif, mais éducatif et respectueux de ces cultures.
Nous avons également souhaité que cette collection serve à laisser une trace écrite, à documenter en profondeur les significations religieuses, sociales et environnementales du vodou, contribuant ainsi à une meilleure reconnaissance de cette spiritualité souvent mal comprise. En participant à des cérémonies et en collaborant avec des experts et notre équipe, nous avons cherché à respecter et à valoriser cette tradition dans sa complexité. L’histoire récente de cette collection, constituée après 1974, s’inscrit dans le cadre de la convention de l’UNESCO, renforçant notre conviction que cette démarche n’est ni une spoliation ni restituable, mais une contribution à la valorisation d’un patrimoine mondial. La reconnaissance par le gouvernement du Bénin, notamment à travers notre collaboration avec le futur musée de Porto-Novo, témoigne de la crédibilité et de la légitimité de notre engagement.
Cette exposition a pour ambition de faire découvrir et apprécier la richesse du vodou, en soulignant l’importance de cette culture dans l’histoire, l’organisation sociale, la pharmacopée, et l’écologie de la région. Au-delà d’un simple ensemble d’objets, il s’agit d’un message d’ouverture, de respect et de reconnaissance envers une tradition millénaire, dont l’impact dépasse largement les frontières de l’Afrique de l’Ouest.
M. Arbogast
