Pirogues – Todjivu, l’exposition temporaire, du 10.12.21 au 2.10.22

Les pirogues du culte des Vodou de la collection Arbogast, font appel à notre imaginaire.

Ce sont des objets de recueillement spirituel d’une plastique unique.

Invoquant les esprits du monde, ils témoignent de la créativité des populations animées par la pensée vodou.
Cette exposition temporaire porte l’accent sur les vodou qui ont marqué en leur for intérieur les habitants de la côte des esclaves vivant au plus proche des milieux aquatiques.

Avec ces pirogues chargées de personnages et d’esprits du monde invisible ainsi que ces imposants crocodiles sculptés dans le bois et transformés en embarcations, l’équipe du Château Vodou vous invite à la navigation.
Certains de ces objets, sortis pour la première fois des réserves du musée, plongent le regard dans les zones lacustres et maritimes de l’ancien Royaume du Dahomey.
Une incitation à comprendre l’importance du lien à l’environnement, la place des vodou dans la vie de chacun mais aussi l’histoire collective au travers de l’impact de l’esclavage sur cette spiritualité et ces communautés.

(Todijvu*: pirogues en langue fongbe)

Marc Arbogast, Jean Yves Anézo et Adeline Beck

L’Edito du collectionneur

Le vodou est principalement pratiqué au Bénin, au Togo et de manière moins importante au Ghana et au Nigéria. Il est essentiellement porté par les peuples Adja, Fon, Yoruba, Ewé, Kabyé, Ouatchi et Mina. C’est-à-dire plutôt des populations côtières, du sud de ces pays.

Certains vodou ont pour origine les éléments de la nature, d’autres sont assimilés à certains animaux et d’autres enfin, à des ancêtres.

Pour l’exposition temporaire « Pirogues – Todjivu » nous avons voulu porter l’accent sur ces vodou qui ont marqué en leur for intérieur les populations de la côte des esclaves vivant au plus proche des milieux aquatiques.

Parmi ces embarcations on peut découvrir les représentations symboliques de celles qui ont embarqué les esclaves, autant que de celles qui figurent le voyage vers l’au-delà.

Le vodou Adjakpa, protecteur halieutique mais aussi dévoreur d’humains, signe sa présence incarnée par la figure du crocodile.

Tohossou et Abikou assurent pour partie le cycle de la réincarnation des morts. La symbolique des fétiches traduit toujours la dualité, protection/punition de leur pouvoir.

Enfin ces fétiches sont sûrement parmi ceux qui expriment le mieux la qualité artistique et émotionnelle de l’art des féticheurs vodou. Ils sont particulièrement rares.

Marc Arbogast

L’Edito du commissaire scientifique 

Les pirogues du culte des Vodou de la collection Arbogast, font appel à notre imaginaire. Ce sont des objets de recueillement spirituel d’une plastique unique. Invoquant les esprits du monde, ils témoignent de la créativité des populations animées par la pensée Vodou. 

Chaque pirogue met en scène, animaux et divinités, hommes aux l’expressions résolues, femmes affairées souriantes ou sévères, enfants libres ou enchaînés, nourritures et esprits du monde invisible, vers des destinations inconnues. Tous embarquent sur les eaux de la ferveur, de la reconnaissance, de la révolte et de la rancoeur aussi parfois. 

Elles font imaginer… 

Prières matérialisées, elles conjuguent religiosité et temporalité. Leur esthétique clame le désir des humains de régler les difficultés propres à leur vie sur terre, les douleurs de la chair et les peines de l’esprit, en invoquant les puissances de la nature et la force de leurs ancêtres. 

Agissantes, on pourrait croire qu’elles voguent sans fin au pays des dieux. 

Laissons-nous porter ! 

Les esprits prennent le large, chargés de leurs missions divines en faveur des hommes.

Jean Yves Anézo 

Les photos exposées avec les objets sont le fruit du travail de Julien Gérard, photographe professionnel depuis 2008. Il voyage à travers le Monde et effectue des photographies pour les institutions françaises de l’étranger et des reportages tournés vers l’humain et son environnement.

5 tirages numérotés sont à acquérir. 


Sans titre Bénin, Possotomé, 2021 Photographie numérique 

Pêcheur sur le lac Ahémé au lever du soleil pendant l’harmattan. Ce vent venant du Sahara, chargé en poussière, crée un voile atmosphérique pendant plusieurs semaines. Il donne aux photographies cette ambiance brumeuse en filtrant les rayons du soleil.

L’équipe de l’exposition : 

Commissaires : Jean-Yves Anézo et Marc Arbogast (rédaction scientifique), Adeline Beck (coordination générale).

Scénographie et Graphisme : Ana Carolina Gonzalez Palacios.

Traductions : Max Thomé, Michaël Mailfert, Katia-Myriam Borth et Larry Ramirez.

Photographies : Julien Gérard (exposition), Pascal Beck (catalogue).

Équipe technique : Quentin Beck, Sébastien Furderer, Clément Levieux, Katia-Myriam Borth, Elena Beck, Pascal Beck et Loïc Anézo.

Présidence : Dominique Baudendistel.

Remerciements : Firmin Hoto pour ses conseils scientifiques, Régis Goudou pour les relectures, Michel Meyer pour la conception d’animations et Kawati Studios pour « Carnets Vodou ».

Cette exposition bénéficie du soutien de la Ville et Eurométropole de Strasbourg et d’un partenariat avec Batorama.

Quelques objets en avant première…

Longue pirogue à la femme joyeuse

Togo, Bénin. 

Bois, terre, métal, chaîne métallique, cauris, fil, herbes, matières sacrificielles.

L 124, l 28, H 22 cm

Coll. Arbogast n°1147

Au centre de la pirogue une femme opulente au sourire affiché, tient entre ses jambes un « adjalalazen* » en l’honneur de Sakpata. Devant elle, se trouve un groupe d’esclaves liés les uns aux autres, et un joueur de trompe.

Derrière elle, sont installés un autre joueur de trompe ainsi qu’un personnage allongé sur deux sofio* et deux petits hippopotames. Une femme plus petite se tient à l’arrière de la pirogue.

A l’avant est posé un récipient pour la nourriture. Pirogue votive aux offrandes marquées à Sakpata, vodou de la terre et des maladies de peau.

Divinités embarquées : Dan, Sakpata.

« Celui qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles »

Pirogue sur un crocodile

Sud Bénin 

Bois, végétaux, calebasses, os, pigment, cordes, métal, cauris.

L 107, l 25, H 39,5 cm

Coll. Arbogast n°1465

Trois personnages anthropomorphes regardent vers l’avant : deux dans une barque placée sur le dos d’un crocodile et le troisième sur la tête de l’animal. 

L’animal est chargé de nombreux matériaux dont des sofio* et une céramique à double cupules renversées, symbolique des jumeaux. La calebasse sur le côté gauche est brisée.

Pirogue-crocodile votive dont le déplacement terrestre figure le voyage des esprit aquatiques hors de l’eau. 

Divinités embarquées : Dan, Hébiéso, Lisa, Gabara.

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