La réorganisation de nos réserves : un chantier titanesque

En 2024, l’équipe du Château Vodou s’est lancée dans un grand défi : repenser entièrement ses réserves ! Le chantier étant désormais quasiment terminé, apprenez en plus sur nos travaux : 

Le début d’une aventure : le réaménagement

Notre volonté était de pouvoir mieux conserver les pièces de la collection, de pouvoir plus facilement les étudier et de les emballer aisément lors de prêts à d’autres musées. Une idée audacieuse est alors apparue : pourquoi ne pas profiter de ce chantier pour créer un espace qui pourrait être visité par le public ? Pour pouvoir réaliser ce beau projet, il a d’abord été important de s’entourer de soutiens et de partenaires. En effet, réaménager nécessite des financements. Ensuite il a fallu construire un calendrier, et c’est ainsi que les travaux ont pu commencer en mai 2025.

Une méthode venue du Canada

Étant donné que réaménager une réserve n’est pas chose courante, l’équipe a d’abord cherché des informations sur les procédures et les plans d’actions possibles. C’est ainsi que nous avons décidé d’adopter une méthode reconnue, développée au Canada avec l’UNESCO : REORG.
Cette méthode propose un chemin clair, étape par étape, pour organiser les réserves muséales. Le premier exercice fut de réaliser un auto-diagnostique : examiner l’état du bâtiment, des espaces, du mobilier et de la gestion des collections.
Le verdict a été sans appel : dans toutes les catégories nous avions 2 points sur un total de 4. Un réaménagement était donc indispensable, autant pour la collection que pour les conditions de travail de l’équipe !

Vider, trier, imaginer

La première étape concrète a été spectaculaire : déménager près de 900 objets qui sommeillaient depuis 10 ans dans la mezzanine. Tous ont été transférés, au rez-de-chaussée, afin de les préserver des travaux.
Puis, grâce à l’inventaire de la collection, chaque objet a été classé par taille. Cette classification a permis à notre scénographe, Ana Carolina Gonzalez Palacios, de dessiner un nouvel agencement de la réserve. L’objectif ? Offrir un rangement optimal, sur mesure, mais sans dépasser le budget. Nous avons donc décidé au final de garder nos anciennes vitrines en verre, mais de nous équiper d’étagères en acier galvanisé et en bois (adaptées à nos objets) ainsi que de nouveaux luminaires en LED.

Les 10 règles d’or

Selon la méthode REORG, Une « bonne » réserve, répond à 10 critères de qualité. Ils sont rapidement devenus la boussole de toute l’équipe. L’équipe y a été sensibilisée et nous souhaitons continuer à les appliquer au fur et à mesure des années qui s’écouleront, avec les moyens qui sont les nôtres :
– Un employé qualifié est responsable
– La réserve ne contient que des objets de la collection
– Des locaux séparés sont dédiés aux fonctions connexes : bureau, atelier, entreposage d’équipement et matériel (non-collection)
– Aucun objet ne se trouve directement au sol
– Chaque objet dispose d’un emplacement désigné dans la réserve et peut être localisé en moins de trois minutes
– Chaque objet est accessible sans en déplacer plus de deux autres ( quatre chez nous)
– Les objets sont rangés par catégories
– Les politiques et procédures clés sont en place et sont observées
– Le bâtiment et la réserve assurent une protection adéquate aux collections
– Chaque objet est exempt de toute détérioration active et est prêt à servir aux activités du musée (c’est d’ailleurs pour cela que nous avons un congélateur ici ! lors d’une infestation les objets y sont installés pendant 48 à 72h selon leur taille).

Le récolement et l’inventaire

Le réaménagement a aussi été une formidable occasion pour le travail scientifique. Tout l’été, l’équipe a saisi l’opportunité du déménagement pour enrichir l’inventaire, réaliser un récolement complet et un entretien de la collection !
Chaque pièce a été localisée, nettoyée, mesurée, pesée, décrite. Les fiches des 1200 objets de la collection ont été actualisées et parfois enrichies.
Une fois le travail achevé, les objets ont retrouvé leur place dans les nouvelles réserves, rangés selon les principes RE-ORG. Désormais, chaque objet est repérable en un clin d’œil, et accessible sans effort. Certains ont même été regroupés par typologie : par exemple, les vitrines contenant des ossements humains ne comportent aucun élément en bois, afin d’éviter que l’acidité de ce matériau n’endommage ces crânes.

Ce qu’il reste à découvrir

En septembre le chantier s’est achevé. Les objets mieux protégés et organisés, occupent désormais fièrement leur nouvel espace.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Certaines pièces gardent encore leurs mystères : leur nom, leur origine exacte ou leur usage rituel restent parfois des suppositions. Pour lever le voile, il faudra voyager sur le terrain, au Togo ou au Bénin, rencontrer les pratiquants du culte et la communauté scientifique.
Nous espérons pouvoir réaliser cela dans un futur proche, afin de pouvoir mettre notre inventaire en ligne à disposition du public.
Mais ça, c’est un autre chapitre de l’histoire…

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