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Découvrez le vodou, son origine, son histoire, ses pratiques...

Une courte définition du vodou 

Le Vodou est une religion qui englobe un vaste champ de pratiques, de rituels et de croyances. Il est originaire d’Afrique de l’Ouest et il puise plus précisément ses racines dans l’ancien royaume du Dahomey. Il s’est fixé dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui aux alentours du XVIIème siècle.

Loin des clichés du cinéma et de la culture populaire de ces dernières années, cette spiritualité est basée sur la sacralisation des forces de la nature et des ancêtres. Elle s’attache à répondre aux grandes questions humaines de l’essence de la vie mais aussi aux besoins du quotidien (problèmes d’argent, de relations, de santé…).

Pour les adeptes il est essentiel de maintenir l’équilibre entre le monde visible (celui des animaux, des plantes et des humains) et le monde invisible (celui des divinités et des ancêtres). Ainsi, les deux mondes se doivent de communiquer par l’art de la divination, des chants, des danses, des objets, pour favoriser l’épanouissement des divinités, des ancêtres et des êtres humains.

« Vo », en langue fon, signifie se mettre à l’aise, se purifier, se débarrasser des mauvaises pensées et « Doun » puiser, extraire, aller chercher. Ainsi, « vodoun » pourrait être traduit par « se mettre à l’aise pour aller puiser dans l’invisible tout ce dont on a besoin pour s’épanouir dans le monde physique ».

Le vodou comprend un panthéon de plusieurs centaines de divinités, chacune possédant ses spécificités : sa fonction, ses rituels, ses symboles. Il est toujours pratiqué dans de nombreux pays : Bénin, Togo, Nigéria, Ghana mais aussi sous d’autres formes en Amérique du Nord, du Sud, dans les Caraïbes et en Europe.

C’est une culture riche et complexe qui comporte encore de nombreux secrets.


En détails :

L’orthographe « vodou » est une déclinaison phonétique du terme de langue Fongbé : Vodoun. Il est difficile pour l’oreille européenne d’entendre toutes les subtilités phonétiques des langues fongbé et yoruba. En l’occurrence, la terminaison « n » dans « vodoun » est quasi inaudible pour les européens non-initiés aux fines sonorités des langues des groupes gbé (Ewe, Adja, Fon, Gen, Phla-Phera, parlées au Bénin, Ghana, Togo, Nigéria) et yoruba (langue du groupe Kwa : Yoruba-Nago parlées principalement au Bénin et au Nigéria).

Au Bénin, le terme « vodou » n’est pas employé. C’est bien le mot fongbé « vodoun » qui sert à désigner les dieux et les pratiques religieuses qui leurs sont propres.

Vaudou en Haïti, Voodoo pour les anglais…L’écriture du terme désignant le vodou varie ainsi selon ce que les colons ont phonétiquement rapportés. Il est à noter que le terme « orisha » qui désigne les dieux en langue yoruba, implantés par les populations esclavagées venues du golfe de Guinée, est utilisé de nos jours encore au Brésil à l’exclusion du mot « vodoun ».

Les différents chercheurs qui ont étudié la religion vodou du Ghana au Nigéria en passant par le Togo et le Bénin, ont su noter l’importance des nuances phonétiques qui apportent aux mots des sens très différents, sans néanmoins, utiliser en français d’orthographe commune.

Bernard Maupoil écrit Vodũ (ndla : avec un tilde sur le u). Le photographe et ethnologue Pierre Fatumbi Verger utilise le terme « vodoun ». L’ethnologue Albert de Surgy écrit « vodu », l’anthropologue Klaus Hamberger et l’historienne Dominique Juhé-Beaulaton utilisent l’orthographe « vodou », celle que nous avons retenue.

Que signifie le terme « Vodoun » ? Kéfil Houssou, (guide béninois au Musée château Vodou) le traduit de cette manière :

VO : Se mettre à l’aise, ne pas s’entourer de préjugés.
DOUN : Puiser, extraire, aller chercher.
Cela signifierait donc dans la pratique : « Aller en harmonie puiser dans l’invisible ce dont les hommes ont besoin pour s’épanouir dans le monde visible ».

Les « vodou » étant ces déités ancestrales profondément liées aux forces vitales de la nature dont elles tirent leurs puissances et leurs pouvoirs, difficiles à comprendre, craintes, mais si utiles aux hommes.

En résumé, la complexité et la diversité des rites et des cultes vodou en Afrique tendent cependant dans leurs différentes cosmogonies, au même objectif : Aider les humains et donner un sens à leur vie, préparer leurs passages vers le pays des morts, en intégrant cette existence dans un cosmos peuplé d’ancêtres et de dieux dont les pouvoirs peuvent être aussi utiles que redoutés.
« Ces cultes s’adressent en principe, aux forces de la nature et aux ancêtres divinisés et forment un vaste système qui unit les morts et les vivants en un tout familial, continu et solidaire. »

P. FATUMBI VERGER. Dieux d’Afrique, Introduction. Editions Revue Noire, Paris 1995. 416 P.

Jean-Yves ANEZO. Guide-conférencier au musée.

 

Asen

Le vodou, né de la rencontre des cultes yoruba, fon et éwé, s’est fixé dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, autour du XVIIe siècle, lors de la création puis de l’expansion du royaume Fon d’Abomey.

Il deviendra ensuite le fondement culturel des peuples, issus de migrations successives, de l’aire culturelle Adja-Tado. Limitée à l’est par le fleuve Ouémé, à l’ouest par la Volta et au sud par ce qui était appelé la Côte des esclaves, l’aire culturelle Adja-Tado s’étend sur une profondeur de 200 à 300 km entre les degrés 0 et 3 de longitude, au cœur de ce que les géographes nomment la savane soudanaise.

Le peuplement de cette aire culturelle ainsi définie se compose majoritairement des groupes ethniques suivants :


• Les ADJA (AJA) dans l’espace compris entre le Yoto au Togo et le Couffo au Bénin.
• Les ÉVÉ (ÉWÉ) dans la région comprise entre la Volta et le Yoto.
• LES FON (FON) dans la région comprise entre l’Ouémé et le Couffo.
• Les GUIN (GÊ) le long de la Côte dite des esclaves.
• Les XWLA et les XWÉDA globalement sur la même zone géographique que les Gê.
• Les GOUN (GUN) essentiellement dans la ville de Porto-Novo et ses environs.
• Les AÏZO (AYIZO) autour du lac Nokwé, la région d’Allada et ses alentours.
• Les SAHWÉ sur les terres noires du Ko, dans la région de Bopa.
C’est au cours du règne du roi Agadja (1708-1740) que le Danhomè s’étendit vers le sud en direction de la côte atlantique, après la prise d’Allada en 1724 puis de Ouidah en 1727, et que sa zone d’influence s’étendra des frontières de l’empire d’Oyo (Nigeria) jusqu’aux limites du royaume Ashanti (Ghana actuel),
Cette partie de l’Afrique connaissait les cultures d’Europe et d’Afrique du Nord et cela explique pourquoi le vodou a intégré dès sa genèse des éléments chrétiens, musulmans ou juifs.


D’emblée, à l’image des sociétés dans lesquelles il apparaît, le vodou est une religion globale et foncièrement amalgamée.


Lorsqu’on entend parler du vodou, on a plutôt tendance à penser aux scènes vodous hollywoodiennes animées par des transes violentes, des zombies et des poupées percées d’aiguilles plutôt qu’à une philosophie de vie pratiquée par des millions de personnes dans le monde.

Il est vrai que le vodou est partout, non seulement en Afrique de l’Ouest, son berceau, mais aussi en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, aux Caraïbes depuis que les esclaves d’Afrique l’ont transporté là-bas, mais aussi en Europe grâce aux mouvements migratoires du XXe siècle. Qu’on le considère comme une religion ou une philosophie de vie, le vodou englobe un vaste champ de croyances et de pratiques.
Le vodou est une manière d’appréhender le monde d’ici et de là-bas comme un tout où l’homme dépend de cet autre monde, invisible, peuplé d’ancêtres, d’esprits, de dieux et de toutes les énergies capables d’intervenir dans la vie des gens. On peut dire que chaque histoire de vodou commence par un traumatisme : les explications des catastrophes, des maladies et des morts, des guerres et d’autres désastres trouvent leur réponse dans ce monde parallèle. En effet, le vodou est une façon d’interpréter ce malheur. Malheur, qui, allant d’un simple échec à un examen à une mort violente, devient alors interprétable comme un message d’ailleurs. Ainsi, à l’aide de la divination Fa, l’homme est amené à communiquer avec cette vaste famille de dieux vodous (actuellement il existerait près de 300 vodous), tous ambivalents, coléreux, jaloux, coquets et vaniteux. En quelque sorte, ces vodous nous tendent un miroir.
La communication avec ce monde invisible se fait à travers les rituels, la musique, les danses, mais aussi les objets. Ainsi, sculptures en bois, paquets, masques, bâtons, cornes ou bouteilles remplies d’herbes, ustensiles de cuisine transformés, amas de matières indéfinissables, éléments hétéroclites cousus, enfilés, attachés, tels que nous les découvrons dans la collection de Marc Arbogast, nous racontent de nombreuses histoires personnelles ou collectives de la vie des gens, du passé mais aussi du présent. Près d’un millier d’objets ont été collectés tout au long de ces trente dernières années au Nigeria, au Bénin, au Togo et au Ghana, et – par un drôle de chemin – sont arrivés au Château Vodou à Strasbourg.


Contrairement à la plupart des collections d’objets africains (qu’elles soient publiques ou privées) appartenant au temps passé, il s’agit ici d’une collection d’art vivant. Car si au musée Vodou on peut trouver ces objets dans des vitrines, ailleurs, ces mêmes objets sont vénérés, posés sur des autels, au bord des villages, sur les tombes, à l’intérieur des chambres, cachés à l’abri des regards trop indiscrets. C’est là la particularité et toute l’ambiguïté de cette collection, que l’on ne retrouve pas dans la plupart des musées. Sa contemporanéité exige donc une autre manière d’appréhender l’art africain et impose une réflexion sur la manière d’exposer ces objets relevant du sacré du temps présent. Il faut alors réinventer un musée qui parle du présent et qui s’adresse tout autant aux adeptes du vodou, qu’aux simples visiteurs de musée ou aux artistes. C’est un vaste chantier pour le musée du XXIe siècle qui reste encore à défricher.

Ce musée Vodou est ainsi une occasion de parler d’une philosophie encore méconnue et de cette incroyable inventivité qui caractérise le vodou. Car il suffit de regarder les objets de la collection de Marc Arbogast pour comprendre que cet art est d’une incroyable élasticité, créant à chaque fois de nouvelles formes – comme de nouveaux vodous –, intégrant des éléments chrétiens, bouddhistes, musulmans ou hindouistes, incorporant et transformant des matériaux les plus hétéroclites et incongrus. Ce bric-à-brac d’objets incroyables, fragments de malheurs subis, d’expressions de souffrances et de débrouilles, empreints d’histoires personnelles, arrêté dans le temps de par sa mise en vitrine, n’arrête pas de nous surprendre et de nous interroger sur notre condition humaine.


Nanette Jacomijn Snoep

 

Aux quelques rares questions fondamentales qui se posent à tous les hommes, quelle que soit leur origine (Qui sommes-nous? Où sommes-nous? D’où venons nous ?), les populations du golfe du Bénin (ancien Dahomey ou Danhomè), en particulier le peuple fon, ont apporté une réponse : le vodoun.

Très loin des clichés et des images hollywoodiennes, le vodoun est l’expression de toute une conception de la vie, une vision du monde, une philosophie pratique efficace pour l’homme.

L’origine du vodoun
Le royaume du Danhomè où s’est épanoui le vodoun est né au XVIIe siècle à la suite de nombreuses migrations au cours desquelles les populations Adja-Fon se sont installées sur le plateau d’Abomey.

Influencé culturellement et cultuellement par les Yorubas d’Ifé et d’Oyo au Nigeria et les Ashantis du Ghana, ce petit peuple va, au fil des années, fonder un royaume puissant, une nation redoutée. En effet, le commerce des esclaves a pris aux XVIIe et XVIIIe siècles une intensité inédite et un rythme tel qu’ont été modifiés les équilibres des populations touchées, et par là même l’équilibre géopolitique entre les sociétés.

L’adaptation du Danhomè à cette réalité terrible fut d’abord politique, mais il ne nous appartient pas ici de développer cet aspect complémentaire de l’évolution du vodoun, entendu pour le moment comme une religion. Il nous suffira de dire qu’après la fondation du royaume par Houégbadja en 1625, quand de nombreux dieux existaient déjà, le vodoun s’est constitué en véritable système cultuel.

Sous le roi Agadja (1708-1740), le royaume du Danhomè s’étend et se renforce grâce à ses conquêtes. Les guerres permettent au roi de capturer des ennemis, qui sont revendus comme esclaves aux Européens, sur les côtes. La traite négrière va ainsi permettre au royaume d’augmenter ses ressources matérielles.

Cependant, parmi les populations captives (Mahis et Yorubas en particulier), certains individus, ceux possédant un savoir-faire particulier, ne sont pas vendus. Ils sont évalués individuellement selon leurs capacités: par exemple, lorsque certains ont des talents occultes et que les forces qu’ils maîtrisent n’existent pas dans le Danhomè, ils sont anoblis et installés comme dignitaires, mettant ainsi leur savoir à la disposition du royaume. Ainsi le vodoun Sakpata (divinité de la terre et de la variole3) est-il originaire de Dassa, où les Nagos du Nigeria étaient présents. Le dieu de la foudre Hèbioso vient, quant à lui, de Houéda, dont les habitants sont originaires d’une région située dans ce qui est devenu le Ghana. Cela explique la grande variété des cultes, de l’artisanat ou de la musique que l’on rencontre dans l’espace du Danhomè aujourd’hui.

Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, le roi Tegbessou a structuré le panthéon selon des grandes familles de vodoun, avec des personnes désignées par le roi pour les entretenir dans le cadre d’un protocole arrêté.
Ces grandes familles sont :

• Toxwio Agasu (la panthère) ;
• Mawu-Lisa (couple fondateur) ;
• Hèbioso (la foudre) ;
• Sakpata (la terre et la variole) ;
• Tovodoun-Nensuxwe (ancêtres de la famille royale) ;
• Yalode (l’équivalent des Nensuxwe chez les Yorubas).

Les familles sont composées de très nombreuses divinités, ayant chacune un nom particulier. Par exemple, dans la famille de Hèbioso, il y a Sogbo (le père), Hou ou Xwu (la mère), Avlekete ou Toxosu (un des enfants anormaux de Hèbioso)…
Ainsi, au gré des conquêtes des souverains successifs – en particulier celles des rois Agadja (1708-1740) et Tegbessou (1740-1774) – et de l’installation de nouvelles divinités prises chez les ennemis qui les accompagne, une organisation rigoureuse et structurée du panthéon vodoun a été mise en place.

Viennent ensuite les divinités masquées : ce sont les Egungun (revenants) et Oro (esprits des morts), qui vont de pair, Zangbeto et le Bligede (gardiens de la nuit), le Caleta (vodoun d’inspiration brésilienne).

La particularité de ces divinités masquées est qu’elles sont principalement réservées aux hommes, tandis que les femmes sont largement représentées dans les autres cultes.
Enfin, on retrouve quelques vodouns transversaux dans chacune des grandes familles : Legba (médiateur du panthéon, divinité protectrice et virile), Toxosu (enfants nés morts ou anormaux), Dan (le serpent arc-en-ciel), Gu (le dieu du fer).

Les divinités du panthéon reflètent essentiellement des forces naturelles, des ancêtres divinisés, des puissances spirituelles.

Elles permettent de maintenir une harmonie entre les hommes, leur groupe social et culturel, et la nature où ces derniers puisent ce dont ils ont besoin pour vivre pleinement leur existence.

À Abomey, le panthéon est sous l’autorité hiérarchique de Zomandonou, fils anormal d’Akaba, appartenant à la famille vodoun Tovodoun-Nensuxwe, ancêtres de la famille royale. Ainsi, le panthéon se trouve directement lié à la cour du roi, et le grand-prêtre de Zomandonou est le chef de la cour suprême du vodoun, un collège religieux de sages.

 

On ne peut parler du vodoun dans le Danhomè sans évoquer le Fa. Cet art divinatoire de l’ancienne Égypte est passé par le Nil, avant de se retrouver à Ifé, au Nigeria, puis d’être adopté et adapté par les Fons.


Il s’agit d’une géomancie permettant de décrypter les forces en jeu suite à des jets de cauris ou d’écorces de pommes sauvages, et d’en apporter une interprétation afin d’en tirer des recommandations.
La divination Fa est devenue la clé du vodoun, au sens où elle crée un langage qui permet aux hommes de communiquer avec les dieux. Il faut souligner que, sans le Fa, le vodoun n’aurait jamais connu une vraie existence normative. En effet, la force d’analyse des événements que produit le Fa a rencontré la logique du vodoun et lui a donné une efficacité et une visibilité qui perdurent jusqu’à nos jours.

Avant de devenir un moyen d’investigation et de décision reconnu, le Fa se pratiquait officieusement dans le Danhomè. Une anecdote historique explique comment cette pratique divinatoire a été adoptée par la cour royale d’Abomey. Après que le roi Akaba (1685-1708) eut trouvé la mort sur le champ de bataille, le trône fut confié à sa soeur jumelle, Hangbé (1708-1711). Décidée à venger son frère, celle-ci lança une expédition punitive victorieuse. Malgré cela, elle fut poussée au bout de trois ans à abandonner le pouvoir au profit de son jeune frère, Agadja (1708-1740), alors que leur neveu aurait, selon les règles, dû être son successeur. Maudit, Agadja ne put contenir l’invasion d’Oyo (Nigeria), dont le tribut allait bientôt ruiner son royaume. De surcroît, une terrible sécheresse, puis la famine, s’abattirent sur le pays. Désemparé, le roi Agadja se mit en quête d’une solution et confia son destin à un prêtre du Fa d’origine yoruba. L’oracle lui révéla alors que, pour lever le mauvais sort dont il était victime, il devait d’abord présenter ses excuses à une dame offensée, dans laquelle le roi reconnut aussitôt sa soeur Hangbé. Il s’exécuta. Le prêtre du Fa entama alors les rituels requis, qui se conclurent par une pluie propitiatoire. Une fois sa mission accomplie, il retourna chez lui, mais Agadja le fit revenir à deux reprises, espérant qu’il continuerait à faire tomber la pluie (d’où le nom de « vendeur de pluie », « Djissa », qui fut donné au premier prêtre du Fa dans le Danhomè). Ensuite, le roi confia au prêtre deux de ses hommes de confiance pour qu’ils soient initiés à cette technique divinatoire.

Ce n’est qu’avec le temps que le recours à la divination Fa s’est généralisé, et, bien que popularisée, elle reste encore à Abomey sous le contrôle du roi.

Dans le Bénin actuel, à côté du Fa, qui demeure très dynamique, nous pouvons constater non seulement une survivance du vodoun, mais aussi une vitalité, une vivacité retrouvée qui se traduit dans certains cas par un renforcement des initiations dans les différents couvents des divinités.


Face à un monde difficile, qui change de plus en plus vite, le vodoun semble continuer à apporter des solutions. Il ne s’agit pas tant de sa dimension occulte simédiatisée, que de la partie immergée de l’iceberg, sa réponse aux difficultés que peuvent rencontrer ponctuellement les individus. Les prêtres vodouns sont souvent le seul soutien social d’un village, à qui les habitants confient leurs secrets et en échange de quoi il assure leur protection symbolique. Il en découle une certaine dépendance et une fragilité dont abusent ceux qui détournent les cultes en occasions lucratives, en proposant monts et merveilles à leurs clients.


Il apparaît néanmoins clairement que le vodoun continue de résonner dans le brouhaha de la modernité, le besoin de spiritualité demeurant intact derrière les masques de la technologie. On remarque toutefois des transformations structurelles, qui permettent au culte de s’adapter aux conditions de la vie dite moderne.

Les statuts et les fonctions, comme ceux de prêtre ou de devin, y sont distribués autrement, de telle sorte que beaucoup plus de gens qu’auparavant acquièrent une certaine maîtrise du protocole religieux, tout en étant indépendants, c’est-à-dire libres de la structuration du culte présente dans l’ancien Danxomè qui en assurait hier le contrôle et la cohérence.

C’est ce qui explique que l’on assiste depuis le début de la colonisation, laquelle a vu s’affaiblir les structures royales traditionnelles, à une prolifération de divinités personnelles, que les gens peuvent acheter et entretenir, comme c’est le cas des dernières venues sur le marché des dieux, Tron, Koku, Djagli ou encore MamiWata.


Si la naissance de nouvelles divinités est constitutive du vodoun, certaines pratiques sortent toutefois du système construit, intégré et généralisé par lui. Elles permettent à d’aucuns de créer des cultes moins contraignants, car la rigueur dans la pratique du vodoun est telle qu’elle en éloigne souvent plus d’un. Toutefois, la base de ces cultes anciens et nouveaux, ruraux et urbains, reste la même : lorsque les difficultés exigent de vraies réponses, les adeptes d’Hébioso, les chrétiens ou les évangélistes, tous finissent par se retrouver côte à côte dans les couvents vodouns pour y implorer ensemble l’aide des forces ancestrales.

La force du vodoun réside donc dans une croyance très ancrée et dans un système de pensée puissamment structuré. Si le vodoun demeure efficace, c’est qu’il est construit de manière à toucher l’homme dans ses fondements. Le vodoun embrasse la nature humaine.

 









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